L'enfant précoce-dys
1°) L’enfant a été détecté précoce mais le ou les troubles d’apprentissage n’ont pas été diagnostiqués :
A des degrés divers de gravité, ces enfants présentent des difficultés en lecture, en compréhension, une dysorthographie, les mécanismes fondamentaux du langage écrit sont atteints, la mémoire de travail est déficiente, autant de problèmes qui évoquent une dyslexie. Celle-ci est parfois, plus rarement, associée à une dyscalculie, l’enfant présente alors des troubles du raisonnement logico-mathématique. D’autres ont manifestement un problème de balayage visuel (difficulté de calibrage des saccades oculaires) pénalisant la lecture qui est lente, saccadée, difficile, (sauts de mots, de lignes, retours arrière pour comprendre le texte lu), une dysgraphie importante, un rejet de l’écrit, une fatigabilité et une difficulté de compréhension : tous ces points évoquent l’hypothèse d’une dyspraxie visuo-spatiale. Ces enfants pourtant diagnostiqués précoces partagent une même répulsion pour la lecture et l’écrit mais sont brillants à l’oral. Ce simple constat pour des enfants à haut potentiel devrait être un clignotant déclenchant un bilan pour mettre en évidence un possible trouble d’apprentissage. (Mise au point : la dyslexie et la dyspraxie ne sont pas nécessairement associées à une précocité).
Pour ces enfants, l’échec scolaire est massif, l’incompréhension de l’entourage, totale. En effet, ces enfants ayant utilisé leur haut potentiel pour mettre en place des stratégies compensatoires relativement efficaces pendant le primaire, personne ne comprend cet effondrement apparemment soudain. Il y a quelques années, la seule explication consensuelle, émise par le psychologue, la famille et les enseignants, était la précocité elle-même, connue comme facteur d’inadaptation au système classique. Au pire, on accablait l’enfant de reproches tels que la paresse, un comportement inacceptable, la mauvaise volonté : il était responsable de son échec. En fait l’enfant se décrivait comme « nul », « idiot » et niait invariablement la validité de ses résultats au test de QI : la blessure narcissique était profonde, le comportement s’en ressentait, à ce jour et grâce aux progrès remarquables des neurosciences, ces enfants précoces avec un trouble d’apprentissage associé sont mieux reconnus et détectés. On admet aujourd’hui que 50% des enfants à haut potentiel présenteraient des troubles d’apprentissage « dys » et/ou déficit attentionnel et/ou hyperactivité. La prise en charge de ces enfants devra se faire à plusieurs niveaux : scolaire, psychologique, orthophonique, orthoptique (en cas de dyspraxie). La précocité ne doit plus être l’arbre qui masque la forêt.
2°) un trouble d’apprentissage, en règle générale la dyslexie, a été détecté mais pas la précocité :
Dans ce cas de figure, la dyslexie et/ou la dyspraxie sont le plus souvent sévères, et là aussi l’échec est massif. Les enseignants sont troublés de constater le paradoxe classique de ce type d’enfant : l’oral est brillant mais la restitution écrite quasi inexistante ou médiocre. Au seul énoncé de cette particularité nous conseillons un bilan psychométrique, le potentiel s’avère dans ce cas, élevé. Une fois de plus, la souffrance narcissique est importante : ces enfants sentent qu’ils comprennent, se passionnent pour une infinité de sujets, mais ils ne sont jamais performants scolairement. Non seulement leur précocité est ignorée, mais les enseignants et parfois leur famille ont des doutes sur leurs capacités. C’est ainsi que beaucoup de ces enfants se retrouvent sur des rails inadaptés à leurs capacités réelles. Leur souffrance est toujours immense, elle se traduit soit par une rébellion agressive contre tout système et une perte de confiance en eux-mêmes, soit par un retrait passif, éteint, avec dans tous les cas, la conviction profonde que tout espoir d’émerger de cet échec est condamné d’avance. Le travail de remise en confiance avec eux est particulièrement difficile.
En racontant ces parcours tant de fois entendus, cela permettra peut-être à certains parents de trouver un écho à leurs propres difficultés face à l’échec scolaire de leur enfant, mieux sans doute qu’un long exposé sur les définitions des troubles d’apprentissage, définitions néanmoins complémentaires et nécessaires que vous trouverez sous l’onglet : « définitions des troubles « dys » liés ou non à la précocité »